La fonction immunitaire

*Ce contenu a été révisé par le professeur Philip Calder (Faculté de médecine, Université de Southampton)

  • Comprendre le système immunitaire. Le système immunitaire est le système de défense du corps contre les infections; il nous garde en bonne santé.
  • La nutrition et le système immunitaire. Le système immunitaire a besoin d’une alimentation variée et équilibrée en plus de sommeil et d’activité physique pour fonctionner correctement. Inclure une variété de fruits et légumes, de grains entiers, de sources de protéines et de graisses saines peut contribuer à un système immunitaire sain.
  • Les sucres et le système immunitaire. Le système immunitaire utilise le glucose comme principale source d’énergie. Les médias prétendent souvent que les sucres peuvent supprimer la fonction immunitaire, mais il n’y a pas suffisamment de preuves pour étayer cette affirmation.

Comprendre le système immunitaire 

Un système immunitaire qui fonctionne correctement est essentiel pour aider le corps à se défendre contre les infections ou les maladies et aider à la cicatrisation des plaies (1). Il se compose d’un réseau complexe de cellules et d’organes, qui peuvent être classés en « système immunitaire inné » et « système immunitaire adaptatif ». Ces deux parties du système immunitaire travaillent « en équipe » pour combattre les infections et aider à garder le corps en bonne santé (1).

  • Le système immunitaire inné : la première ligne de défense physique composée de la peau, des muqueuses, de l’acide gastrique et des protéines de la salive, des larmes et de l’urine ainsi que des cellules immunitaires qui peuvent détruire les bactéries ou tuer les cellules infectées.
  • Le système immunitaire adaptatif : la deuxième ligne de défense. Elle se compose de globules blancs qui identifient et combattent les agents pathogènes (par exemple, les bactéries/virus nocifs). Une fois que ces cellules ont été exposées à un antigène (par exemple, une partie d’un agent pathogène ou d’un vaccin que le système immunitaire reconnaît), elles s’en souviennent et peuvent à nouveau combattre ces antigènes spécifiques plus rapidement lors d’une prochaine rencontre.

 Plusieurs facteurs peuvent avoir un impact sur le système immunitaire. Nous pouvons en contrôler certains et pas d’autres (2). Par exemple

Facteurs contrôlables    Facteurs non contrôlables 
-    Régime alimentaire
-    Forme physique
-    Graisse corporelle
-    Rythmes du sommeil
-    Stress
-    Tabagisme
-    Consommation d’alcool
-    Microbiote intestinal
-    Vaccination
-    Environnement (lieu, saison, famille, etc.) 
-    Stade de la vie (grossesse, enfance, vieillesse) 
-    Sexe
-    Génétique
-    Antécédents d’infection 
L’inflammation fait partie du système immunitaire

L’inflammation est une partie essentielle du système immunitaire. Il en existe deux types : aiguë et chronique.

  • En cas d’inflammation aiguë, le corps réagit rapidement aux blessures pour combattre les agents pathogènes et favoriser la cicatrisation des tissus.
  • En revanche, l’inflammation chronique se produit lorsqu’elle est trop élevée et dure longtemps. L’inflammation chronique peut nuire aux tissus et aux organes sains et a été associée à l’obésité, aux maladies cardiaques, au diabète, au cancer, à l’arthrite et aux maladies intestinales (6-9).

La nutrition et le système immunitaire

Bien qu’une alimentation saine ait un sens différent pour chacun, l’intégration d’une variété d’aliments dans votre régime quotidien fournit au corps l’énergie et les nutriments dont il a besoin pour :

  • Soutenir le système immunitaire, qui est énergivore;
  • Fabriquer de nouvelles protéines (par exemple des anticorps) et reconstruire de nouvelles cellules;
  • Aider les cellules immunitaires à bien fonctionner.

Le glucose est la principale source d’énergie du système immunitaire. Lorsque les cellules immunitaires sont plus actives, elles utilisent plus de glucose. Il y a un lien étroit entre l’utilisation du glucose et le fonctionnement du système immunitaire.

De plus, il a été démontré que des nutriments clés, dont de nombreux micronutriments (vitamines et minéraux), aident soit à soutenir la fonction immunitaire, soit à réguler l’inflammation, ou les deux (2, 5, 6). Ils comprennent : 

  • Des vitamines liposolubles : A, D, E, K, caroténoïdes;
  • Des vitamines hydrosolubles : B6, folate, B12, C;
  • Des minéraux : zinc, fer, sélénium, magnésium et cuivre;
  • Des acides gras : acides gras oméga-3 (ex. : EPA, DHA);
  • Des polyphénols végétaux.

Consommer divers grains entiers, des fruits, des légumes, des sources de protéines et des graisses saines, comme dans le cas du régime méditerranéen, peut vous aider à obtenir suffisamment d’énergie et de nutriments essentiels pour une fonction immunitaire optimale (2, 7, 10, 11). Le « régime occidental », qui est généralement riche en densité énergétique, en graisses, en sucres et en viande rouge, et pauvre en fruits, légumes et fibres alimentaires, a été associé à une immunité plus faible, en particulier par rapport à un régime de style méditerranéen (3).

Les sucres et le système immunitaire

Le système immunitaire demande beaucoup d’énergie et le glucose est sa source de carburant préférée (1). Les amidons et les sucres sont les principales sources alimentaires de glucose. Chez les individus en bonne santé, la glycémie est étroitement contrôlée par de nombreux facteurs. Cependant, des niveaux faibles ou élevés de glycémie peuvent être nocifs pour le système immunitaire (2). Bien que les médias suggèrent souvent un lien entre la consommation de sucres et l’altération de la fonction immunitaire, les preuves sont incertaines (12-15).

  • Certaines études ont suggéré une association, mais il n’est pas clair s’il s’agit d’une relation de cause à effet, entre un régime alimentaire plus riche en boissons sucrées et des marqueurs d’inflammation (12-14).
  • Une revue systématique et une méta-analyse (le plus haut niveau de preuves scientifiques) s’est penchée sur 13 essais d’intervention portant sur des adultes avec et sans diabète de type 2 ou des adultes en surpoids et obèses. Elle avait pour but de déterminer l’effet des sucres (glucose, fructose et saccharose) provenant des aliments ou des boissons sur des marqueurs d’inflammation (15). Les résultats n’ont indiqué aucune différence d’effet entre les différents types de sucres. De nombreuses études ont notamment utilisé des quantités élevées de sucres (p. ex., 100 g de sucres ajoutés), qui ne reflètent pas les habitudes alimentaires normales.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre le rôle des sucres (en tant que composants d’un mode d’alimentation général) sur la fonction immunitaire.

Pour plus d’informations, les ressources supplémentaires incluent :

Références
  1. Royall D, Smith MA. Immune System: Background. In: Aubrey V, Neuman D, Royall D, eds. Practice Evidence-Based Nutrition. 2019. 
  2. Calder PC. Nutrition and immunity: lessons for COVID-19. Eur J Clin Nutr. 2021 Sep;75(9):1309-18.
  3. Myles IA. Fast food fever: reviewing the impacts of the Western diet on immunity. Nutr J. 2014Jun17;13(1). 
  4. Christ A, Lauterbach M, Latz E. Western Diet and the Immune System: An Inflammatory Connection. Immunity. 2019;51(5):794–811.
  5. Calder PC, Carr A, Gombart A, Eggersdorfer M. Optimal Nutritional Status for a Well-Functioning Immune System Is an Important Factor to Protect against Viral Infections. Nutrients. 2020;12(4):1181. 
  6. Gombart A, Pierre A, Maggini S. A Review of Micronutrients and the Immune System-Working in Harmony to Reduce the Risk of Infection. Nutrients. 2020 Jan 16;12(1):236. 
  7. Health Canada. Healthy eating recommendations [Internet]. Canada's Food Guide; 2020. 
  8. Tsoupras A, Lordan R, Zabetakis I. Inflammation, not Cholesterol, Is a Cause of Chronic Disease. Nutrients. 2018;10(5):604.
  9. Pawelec G, Goldeck D, Derhovanessian E. Inflammation, ageing and chronic disease. Curr Opin Immunol. 2014 Aug;29:23-8. 
  10. Royall D, Smith MA, Nelson V, Neuman D. Eating Habits for a Healthy Immune System [Internet]. PEN: The Global Resource for Nutrition Practice; 2021. 
  11. Mayr HL, Tierney AC, Thomas CJ, Ruiz-Canela M, Radcliffe J, Itsiopoulos C. Mediterranean-type diets and inflammatory markers in patients with coronary heart disease: a systematic review and meta-analysis. Nutr Res. 2018 Feb;50:10-24.
  12. Schulze MB, Hoffmann K, Manson JE, Willett WC, Meigs JB, Weikert C, Heidemann C, Colditz GA, Hu FB. Dietary pattern, inflammation, and incidence of type 2 diabetes in women. Am J Clin Nutr. 2005;82:675–684. 
  13. Hert KA, Fisk PS, Rhee YS, Brunt AR. Decreased consumption of sugar-sweetened beverages improved selected biomarkers of chronic disease risk among US adults: 1999 to 2010. Nutr Res. 2014;34:58–65.
  14. Kosova EC, Auinger P, Bremer AA. The Relationships between Sugar-Sweetened Beverage Intake and Cardiometabolic Markers in Young Children. J. Acad. Nutr. Diet. 2013;113:219–27. doi: 10.1016/j.jand.2012.10.020.
  15. Corte Della KW, Perrar I, Penczynski K, Schwingshackl L, Herder C, Buyken A. Effect of Dietary Sugar Intake on Biomarkers of Subclinical Inflammation: A Systematic Review and Meta-Analysis of Intervention Studies. Nutrients. 2018;10(5):606.